1953 : Apparition du concept de RSE
Howard Bowen, considéré comme le "père de la RSE", introduit pour la première fois le concept de "Social Responsibility of the Businessman" dans son ouvrage éponyme. Il y définit la responsabilité sociale comme "les obligations des hommes d'affaires de suivre les politiques, de prendre les décisions, ou de suivre les orientations qui sont désirables en termes d'objectifs et de valeurs pour notre société."
Cette publication visionnaire intervient dans le contexte de l'après-guerre, où les grandes entreprises américaines concentrent un pouvoir croissant. Bowen pose alors une question fondamentale : quelles responsabilités les dirigeants doivent-ils assumer envers la société ?
Son travail ouvre la voie à une nouvelle conception du rôle de l'entreprise, dépassant la simple maximisation du profit pour intégrer des considérations sociales et éthiques. Cette approche révolutionnaire influencera des générations de dirigeants et de chercheurs.
1972 : Le Club de Rome tire la sonnette d'alarme
Le rapport "Les limites à la croissance" marque un tournant dans la prise de conscience collective. Pour la première fois, des experts internationaux alertent sur les dangers d'une croissance économique illimitée dans un monde aux ressources limitées.
Ce rapport historique pose les bases de ce qui deviendra la RSE moderne.
Utilisant des modélisations informatiques inédites pour l'époque, le rapport démontre que la poursuite de la croissance économique conduirait à un effondrement du système mondial au cours du XXIe siècle. Cette conclusion choc provoque un débat international sur la nécessité de repenser notre modèle de développement.
L'impact de ce rapport dépasse largement le monde académique : il influence durablement les politiques publiques et pousse les entreprises à réfléchir à leur impact environnemental.
C'est la première fois que la question des limites planétaires est posée de manière scientifique et systémique.
1987 : Naissance du développement durable
La Commission Brundtland, officiellement Commission Mondiale sur l'Environnement et le Développement (CMED), publie son rapport "Notre avenir à tous". Elle y définit le développement durable comme "un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs". Cette définition devient la pierre angulaire de toutes les politiques RSE.
Le rapport souligne l'interdépendance entre développement économique, protection de l'environnement et progrès social. Il introduit la notion de "triple bottom line" qui deviendra un standard dans l'évaluation de la performance des entreprises.
Cette nouvelle approche transforme profondément la perception du rôle des entreprises dans la société. Elle pose les bases d'une responsabilité élargie, intégrant les impacts à long terme et les besoins des générations futures.
1992 : Le Sommet de la Terre de Rio, un tournant décisif
Le Sommet de la Terre de Rio marque un double tournant historique.
D'une part, il établit les premiers grands principes de la RSE :
- le principe de précaution,
- le principe pollueur-payeur,
- et la nécessité d'une approche intégrée du développement économique et de la protection de l'environnement.
D'autre part, il voit la création de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), premier traité international visant à éviter les impacts anthropiques dangereux sur le climat.
Ce sommet sans précédent réunit 178 pays et plus de 2400 représentants d'ONG. Il aboutit à l'adoption de la Déclaration de Rio et de l'Agenda 21, un programme d'actions pour le XXIe siècle qui définit les bases de la coopération internationale en matière de développement durable.
La CCNUCC, qui entrera en vigueur en 1994, pose les bases de toutes les négociations climatiques internationales à venir, des protocoles de Kyoto (1997) aux Accords de Paris (2015). Elle établit un cadre juridique international qui influence directement les stratégies des entreprises en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
2001 : L'Europe donne le cadre
La Commission Européenne publie son Livre Vert sur la RSE, intitulé "Promouvoir un cadre européen pour la responsabilité sociale des entreprises".
Ce document fondateur définit la RSE comme "l'intégration volontaire des préoccupations sociales et environnementales des entreprises à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes".
Cette initiative européenne marque un tournant dans la formalisation des pratiques RSE. Elle établit un cadre de référence commun pour les entreprises européennes et encourage le développement de pratiques responsables harmonisées au sein du marché unique.
Le Livre Vert inspire de nombreuses législations nationales et contribue à professionnaliser les démarches RSE. Il introduit également la notion de parties prenantes comme élément central de la responsabilité des entreprises.
2010 : La norme ISO 26000 standardise la RSE
L'Organisation Internationale de Normalisation (ISO) publie la norme ISO 26000, fruit de cinq années de négociations impliquant plus de 90 pays. Cette norme internationale fournit des lignes directrices pour la RSE, permettant aux entreprises de structurer leur démarche selon des standards reconnus.
Contrairement aux autres normes ISO, il s'agit d'une norme de lignes directrices et non d'exigences. Elle définit sept questions centrales :
- la gouvernance de l'organisation
- les droits de l'homme
- les relations et conditions de travail
- l'environnement
- les bonnes pratiques des affaires
- les questions relatives aux consommateurs
- l'engagement sociétal
Cette normalisation contribue à professionnaliser les démarches RSE et facilite leur déploiement à l'échelle internationale. Elle devient rapidement une référence mondiale pour l'évaluation des pratiques responsables des entreprises.
2015 : L'adoption des ODD par l'ONU
Les 193 États membres de l'ONU adoptent l'Agenda 2030 et ses 17 Objectifs de Développement Durable (ODD). Ces objectifs constituent un plan d'action universel pour l'éradication de la pauvreté, la protection de la planète et la promotion de la prospérité pour tous.
Pour la première fois, le secteur privé est explicitement reconnu comme un acteur clé du développement durable. Les ODD offrent aux entreprises un cadre commun pour structurer leurs stratégies RSE et mesurer leur contribution aux enjeux globaux.
Cette initiative marque un tournant dans la manière dont les entreprises peuvent aligner leurs objectifs commerciaux avec les besoins de la société. Les ODD deviennent des repères essentiels pour structurer les stratégies RSE et mesurer les progrès accomplis.
2015 : La COP21 et l'Accord de Paris
La 21e Conférence des Parties (COP21) aboutit à l'adoption de l'Accord de Paris, premier accord universel sur le climat juridiquement contraignant. Il fixe l'objectif de maintenir le réchauffement climatique "nettement en dessous de 2°C" et de poursuivre les efforts pour le limiter à 1,5°C.
Cet accord marque un tournant majeur dans l'implication du secteur privé dans la lutte contre le changement climatique. Pour la première fois, les entreprises sont massivement présentes dans les négociations et s'engagent volontairement à réduire leurs émissions.
L'Accord de Paris devient une référence incontournable pour les stratégies climatiques des entreprises, stimulant le développement des objectifs de réduction d'émissions basés sur la science et l'essor de la finance verte.
2018 : Naissance de la Fresque du Climat
Cédric Ringenbach crée l'association La Fresque du Climat et lance cet atelier ludique et collaboratif qui révolutionne la sensibilisation au changement climatique. Basé sur les rapports du GIEC, cet outil pédagogique permet de comprendre les mécanismes du dérèglement climatique en moins de 4 heures.
Le succès de cette initiative est fulgurant : aujourd'hui, plusieurs millions de personnes ont été sensibilisées partout dans le monde, grâce à une communauté dynamique de quasiment 100 000 animateurs formés. La Fresque du Climat devient un outil incontournable pour les entreprises souhaitant former leurs collaborateurs aux enjeux climatiques.
Cette innovation pédagogique inspire la création de nombreuses autres fresques thématiques - à découvrir sur Freskr.eco, créant un écosystème d'outils de sensibilisation adaptés aux différents enjeux de la transition écologique et sociale. Son approche participative et scientifique en fait un standard de la formation en entreprise.
2019 : La loi PACTE redéfinit l'entreprise
La loi PACTE (Plan d'Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises) modifie profondément le Code civil français en introduisant la notion de "raison d'être" et le statut d'entreprise à mission. Cette évolution législative majeure encourage les entreprises à définir leur contribution positive à la société au-delà du profit.
Cette loi marque une rupture avec la vision traditionnelle de l'entreprise centrée uniquement sur l'intérêt des actionnaires. Elle consacre juridiquement l'idée que l'entreprise doit prendre en compte les enjeux sociaux et environnementaux dans sa stratégie.
De nombreuses entreprises françaises s'emparent de ces nouveaux outils juridiques pour formaliser leurs engagements RSE et leur vision à long terme. Le statut d'entreprise à mission devient un marqueur fort de l'engagement sociétal des organisations.
2024 : L'entrée en vigueur de la CSRD
La Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) marque une nouvelle étape dans la professionnalisation de la RSE en Europe. Cette directive impose des exigences de reporting extra-financier plus strictes et standardisées aux entreprises européennes.
La CSRD élargit considérablement le périmètre des entreprises concernées par le reporting RSE et introduit des standards de reporting européens détaillés. Elle renforce également l'obligation de double matérialité, obligeant les entreprises à considérer à la fois leur impact sur l'environnement et la société, et l'impact des enjeux ESG sur leur activité.
Cette évolution réglementaire témoigne de la maturité croissante des démarches RSE et de leur intégration progressive dans les processus de gestion et de reporting des entreprises. Elle contribue à renforcer la crédibilité et la comparabilité des informations extra-financières.
Rendre la RSE accessible et engageante avec les fresques & ateliers
L'émergence des fresques et ateliers pédagogiques, initiée par le succès de la Fresque du Climat, a profondément transformé la manière dont les entreprises sensibilisent et forment leurs collaborateurs aux enjeux de la transition écologique et sociale.
Ces outils innovants permettent entre autres de :
- Comprendre la complexité des enjeux de manière ludique et collaborative
- Créer une culture commune au sein de l'entreprise
- Faciliter le passage à l'action grâce à une prise de conscience collective
- Renforcer la cohésion d'équipe autour d'un projet porteur de sens
Face à la multiplication des fresques thématiques, les entreprises peuvent aujourd'hui s'appuyer sur des solutions comme Freskr pour simplifier l'organisation et le déploiement de ces ateliers à grande échelle. Une réponse concrète aux besoins croissants de formation et de mobilisation des équipes autour des enjeux RSE.
Pour aller plus loin
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