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Rosalie Mann, la voix de la lutte contre la pollution plastique
Rosalie Mann incarne l’engagement et la détermination. Fondatrice de la No More Plastic Foundation, conférencière internationale, autrice, elle est une figure majeure de la lutte contre la pollution plastique. Son impact s’étend bien au-delà de la sensibilisation, touchant aux sphères de l’éducation, de l’innovation et de l’engagement international. Reconnue parmi les 10 femmes qui ont marqué l’année 2023 par Business O Féminin et classée par Forbes parmi les 40 femmes françaises les plus influentes de 2024, Rosalie Mann est devenue une voix incontournable dans la lutte contre la pollution plastique.
Thomas Didier : Rosalie, comment as-tu pris conscience de l’ampleur du problème de la pollution plastique ?
Rosalie Mann : Ma prise de conscience a été progressive, mais elle a été précipitée par un événement personnel. À 25 ans, j’étais déjà entrepreneure dans le domaine de l’événementiel et du marketing. Cependant, ma vie a basculé lorsque mon fils, qui était encore tout jeune, a souffert de problèmes de santé liés à l’exposition au plastique.
J’ai commencé à me poser des questions sur ce matériau, que j’avais jusque-là considéré comme banal. Quand j’ai découvert que le plastique, avec ses dérivés chimiques, avait des conséquences dramatiques pour la santé humaine et l’environnement, je n’ai plus pu ignorer cette réalité. Cela a été un choc, une révélation. À partir de là, il m’était impossible de rester passive.
Pourquoi le plastique est-il si problématique selon toi ?
Le plastique est un matériau incroyablement résistant et durable, mais c’est cette longévité qui le rend si problématique. Quand on produit du plastique, on crée une matière qui met entre 100 et 1000 ans à se dégrader.
Et pendant ce temps, il s'accumule partout dans nos environnements : dans nos océans, nos plages, nos décharges. Ce n'est pas seulement un problème visuel, mais aussi une menace pour la biodiversité et la santé.
Le plastique n'est pas biodégradable, il se décompose en microplastiques qui pénètrent dans la chaîne alimentaire. De plus, la production de plastique repose sur le pétrole, une ressource fossile, et contribue directement au réchauffement climatique.
Tu dis souvent que le recyclage du plastique est une "hérésie". C’est une affirmation forte. Pourquoi ?
Cette affirmation peut choquer, mais elle est nécessaire pour ouvrir les yeux sur une réalité dure. Le recyclage du plastique, c’est une fausse solution. Actuellement, seuls 9 % du plastique produit dans le monde est effectivement recyclé. Et même dans ces cas-là, le plastique recyclé est souvent de moindre qualité, parfois même toxique.
De plus, ce système renforce une logique linéaire dans laquelle on produit, consomme, et tente de réparer après coup. Pour moi, ce n’est pas une approche viable. Ce qu’il faut, c’est passer à un modèle circulaire en privilégiant des matériaux biodégradables, réutilisables ou compostables dès la conception.
Quels impacts spécifiques le plastique a-t-il sur notre quotidien ?
Les impacts du plastique sont omniprésents dans notre vie quotidienne. D'abord, il y a l'impact environnemental visible : les océans pollués, les plages jonchées de déchets plastiques, les animaux marins qui ingèrent du plastique et dont nous retrouvons les microplastiques dans notre alimentation.
Mais au-delà de cela, le plastique a un impact invisible mais direct sur notre santé. Les produits chimiques utilisés dans sa fabrication, comme les phtalates et le bisphénol A (BPA), sont des perturbateurs endocriniens. Ils peuvent altérer notre système hormonal et causer des problèmes de santé graves, tels que des cancers ou des troubles de la fertilité. Les microplastiques présents dans l’air, l’eau et nos aliments peuvent provoquer des effets encore mal connus, mais potentiellement très dangereux.
Enfin, sur le plan économique, la gestion des déchets plastiques coûte des milliards de dollars chaque année, alors que les effets de la pollution plastiques sont irrémédiables.
Que fait la No More Plastic Foundation pour lutter contre ce fléau ?
La No More Plastic Foundation est née en 2018, lors de la Journée Mondiale des Océans, de la nécessité d’agir face à l’urgence climatique et sanitaire causée par la pollution plastique.
Nous nous concentrons sur deux axes : sensibiliser les individus et les entreprises à la réduction de la consommation de plastique, et soutenir les innovations qui offrent des alternatives viables.
Nous lançons des campagnes de sensibilisation, des actions de nettoyage des plages et des océans, et nous nous engageons auprès des politiques publiques pour promouvoir des lois restrictives sur le plastique à usage unique. Nous accompagnons également des entreprises dans la transition vers des solutions plus durables.
Dans ta fondation, vous avez initié le programme No More Plastic Kids. Pourquoi ce focus sur les enfants ?
Les enfants sont les leaders de demain. Si nous voulons que les mentalités changent, il est essentiel de commencer avec eux. Le programme No More Plastic Kids est conçu pour sensibiliser les plus jeunes dès leur plus jeune âge.
Nous organisons des ateliers éducatifs, des jeux interactifs, des vidéos et des ressources pédagogiques pour les aider à comprendre les enjeux du plastique. Nous leur montrons aussi comment faire des choix durables au quotidien.
En agissant auprès des enfants, nous espérons qu’ils deviendront des ambassadeurs de la réduction du plastique et qu’ils influenceront leurs familles et leurs communautés.
Tu as également écrit un livre intitulé “No More Plastic” paru fin 2024. Pourquoi ce projet d’écriture ?
L’écriture de ce livre a été une étape importante pour moi. Mon objectif était d’expliquer de manière simple et accessible pourquoi le plastique est un véritable fléau et ce que nous pouvons faire pour y remédier. "No More Plastic: comment le plastique ruine notre santé" n’est pas seulement une alerte, c’est aussi un guide pratique.
J’y présente des solutions concrètes pour réduire sa consommation de plastique, des alternatives à utiliser au quotidien, et des actions à entreprendre pour soutenir cette transition. Ce livre est aussi un appel à l’action pour inciter chaque individu, chaque entreprise et chaque gouvernement à prendre des mesures sérieuses pour mettre fin à la pollution plastique.
Quels sont tes espoirs pour l’avenir ?
Mon espoir, c’est que nous réussissions à créer un changement de paradigme. Le plastique ne doit plus être considéré comme un produit indispensable ou inoffensif. J’espère qu’à l’avenir, nous serons capables de repenser notre modèle de production et de consommation en intégrant des matériaux durables, biodégradables et circulaires.
Je veux que la génération qui grandit aujourd’hui vive dans un monde où le plastique est réduit au maximum et où l’environnement est préservé. Nous avons encore un long chemin à parcourir, mais chaque action compte.
Si chacun de nous agit à son échelle, nous pouvons changer les choses. Mon combat est de donner aux générations futures une planète plus saine et un environnement débarrassé du plastique.
Où est-ce que l’on peut te suivre et te contacter ?
Je serai présente à la Paris Packaging Week mardi prochain (28/01) où j’aurai l’occasion de présenter des solutions pour déplastifier nos industries, en me concentrant particulièrement sur le secteur du packaging, qui est, avec le textile, l’un des deux domaines les plus dépendants du plastique. Mon objectif est de montrer qu’une transition vers des pratiques plus respectueuses est possible et urgente.
Pour me contacter : Linkedin ou progress@nomoreplastic.co